Portrait : Mehryl Levisse
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Présentation de Mehryl Levisse qui investira les toilettes publiques à l’occasion de Nuit Blanche
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Pouvez-vous vous présenter ?
Né en 1985 à Charleville-Mézières je suis un artiste dont le travail explore les frontières, les enjeux sociologiques et les représentations archétypales du corps, au travers de médiums tels que la photographie, l’installation ou les pratiques performatives. Diplômé d’un master en Théorie et pratique de l’art contemporain et des nouveaux médias, j’ai fondé en 2011 « Balak – Espace temporaire d’art contemporain » afin de proposer des expositions, projets, rencontres et actions dédiées à l’art contemporain sur notre territoire. Nuit Blanche 2020 sera la 11e exposition de Balak.
Cet été, vous êtes intervenu dans les rues de Charleville-Mézières. Pouvez-vous nous en dire plus ?
La Direction régionale des affaires culturelles du Grand Est a lancé un appel à projet afin d’offrir des actions culturelles aux habitants qui ne partaient pas en vacances. Avec l’association, nous avons proposé l’exposition Balak #10 qui a permis à onze artistes internationaux d’investir les vitrines de magasins inutilisés. Les publics étaient invités à contempler des oeuvres très variées, qui s’inséraient dans le tissu du quotidien de la ville et entraient en dialogue avec le paysage urbain.
Qu’allez-vous proposer à l’occasion de Nuit Blanche ?
Artiste militant, revendiquant mon positionnement à la fois dans mon travail et dans ma vie, engagé dans la lutte pour les droits des personnes LGBTQIA+*: j’ai décidé pour cette Nuit Blanche de n’inviter que des artistes LGBTQIA+. Il existe encore énormément de clichés, d’incompréhensions, parfois de haine à notre égard et il me semble important de travailler à la déconstruction de ces préjugés. Je souhaite aussi rappeler que l’homophobie, la lesbophobie, la transphobie, les LGBTphobies, ne sont pas des opinions, ce sont des délits. Être homosexuel, lesbienne, transexuel, bisexuel … n’est pas un choix. Aucun d’entre nous ne l’a choisi, nous le sommes et c’est extrêmement différent. Le seul choix que nous avons c’est de l’assumer ou pas. L’exposition rassemblera le travail d’une trentaine d’artistes, ayant chacun un univers personnel, certains engagés, d’autres poétiques, d’autres politiques, de la vidéo à la peinture, en passant par la sculpture, la performance, le dessin et des images d’archives. Les grands rassemblements et les dates importantes de notre communauté vont êtres évoqués tout comme la lutte contre le VIH / SIDA, cause pour laquelle de nombreux artistes se sont engagés (Keith Haring, AA Bronson, Ron Athey, John Hanning…) et qui fait partie de l’histoire de notre communauté. Comme le principe des expositions de Balak est de se placer là où on ne l’attend pas, cette exposition se déroulera dans les toilettes publiques de la ville qui seront transformées en espace d’exposition. Il est évident que c’est le meilleur endroit dans notre ville pour effectuer cette exposition et se réapproprier cet espace commun dans un geste à la fois punk, militant, artistique et poétique.
Dans les semaines et mois à venir, quels sont vos projets ?
Ma première tapisserie d’Aubusson, patrimoine culturel immatériel de l’Humanité, vient d’être inaugurée après plusieurs années de travail et mois de tissage. Actuellement présentée dans la Cité internationale de la tapisserie d’Aubusson, celle-ci va voyager dans plusieurs expositions et va venir se poser au musée de l’Ardenne. Vient également d’être inaugurée l’exposition « Sâr Dubnotal » au Centre d’art contemporain de Brétigny où je présente une nouvelle installation monumentale sur les murs et le sol ainsi qu’une oeuvre plus sculpturale. Mon travail est également présenté dans l’exposition « ICP concerned » à l’International Center of Photography de New-York jusqu’au 31 décembre. Le 23 octobre, je suis invité par le Musée des Beaux-Arts de Nancy pour un colloque qui traitera de la place de l’artiste dans le musée et je prépare une exposition personnelle pour l’Espace 29 de Bordeaux à l’occasion de la quinzaine de l’égalité et de la diversité. Enfin je serai présent à la Biennale Internationale de Poésie Les Ailleurs du 15 au 18 octobre (voir page 12) pour présenter ma performance Le Lectrice, interprétée par la Drag Queen Nomai Camara. Et je peux d’ores et déjà vous dire de réserver votre Nuit Blanche 2021 !
*LGBT ou LGBTQIA+, sont des sigles utilisés pour qualifier les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, trans, queers, intersexes et asexuelles